Hébergement des réfugiés d'Ukraine

La solidarité avec les personnes ayant fui l'Ukraine est énorme, y compris dans les coopératives. A quoi faut-il prendre garde lorsqu'on met à disposition des logements vacants?

L'hébergement des réfugiés est un défi de taille. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) et l’Office fédéral du logement (OFL) appellent les maîtres d'ouvrage d'utilité publique à soutenir, dans la mesure du possible, les autorités et à mettre à disposition des logements inutilisés pour les réfugiés en provenance d'Ukraine. Nous saluons l'engagement de nos membres en ce domaine et sommes à leurs côtés pour les conseiller et les soutenir.

Les autorités sont particulièrement reconnaissantes envers les maîtres d'ouvrage d'utilité publique lorsqu'ils peuvent contribuer à l'hébergement à long terme des réfugiés. Diverses questions juridiques se posent toutefois en rapport avec l'accueil de réfugiés dans des logements de coopératives: est-ce compatible avec les statuts? Les réfugiés peuvent-ils aussi admis en tant que membres? Les coopératives sont-elles indemnisées pour le loyer et qu'est-ce que cela signifie pour le loyer basé sur les coûts?

Nous avons répondu ci-après pour vous à quelques-unes de ces questions. Il n'est pas possible de répondre de manière générale à certaines d'entre elles. Dans ce cas, nous vous recommandons de faire évaluer la situation individuellement par notre service juridique. Par ailleurs, nous sommes encore en train de clarifier certaines questions avec les autorités. Nous actualiserons et compléterons la liste de questions au fur et à mesure.

Questions et réponses

Questions générales
Mise à disposition de logements vacants
  • Est-il légalement admissible que des maîtres d'ouvrage d'utilité publique mettent des logements vides à la disposition de réfugiés ou est-ce contraire aux statuts?

    Cela dépend des dispositions statutaires et des règles de location. Dans de nombreuses coopératives d'habitation, les statuts stipulent que les logements ne peuvent être loués qu'à des membres, les cas exceptionnels devant être dûment justifiés. Les réfugiés ne peuvent pas non plus être admis sans autre comme membres de la coopérative, car la loi fédérale sur l'acquisition d'immeubles par des personnes à l'étranger (LFAIE, «Lex Koller») s'oppose à ce que des réfugiés ukrainiens le deviennent. Pour pouvoir attribuer malgré tout des logements à des personnes en provenance d'Ukraine dans la situation actuelle, il sera probablement nécessaire en de nombreux cas de faire voter l'assemblée générale à ce sujet.

    En revanche, les logements vacants en raison d'une construction de remplacement et des utilisations intermédiaires correspondantes présentent généralement d'autres circonstances et risques juridiques que les biens locatifs réguliers. Ici aussi, la situation doit être examinée au cas par cas.

    Hormis ou avec les dispositions statutaires et les règles de location, il convient également de clarifier les questions financières: existe-t-il une différence par rapport au loyer habituel et comment celle-ci est-elle couverte (ce qui doit être examiné de près, notamment en cas d'application du loyer basé sur les coûts)? La durée du bail est également déterminante pour l'évaluation de la situation en droit. On pourrait par exemple envisager des contrats de bail limités à un an. Notre service juridique se tient à votre disposition pour évaluer les cas individuels.

  • Les coopératives doivent-elles demander l'accord de leurs membres si elles souhaitent mettre des logements à la disposition des réfugiés, ou le comité peut-il en décider?

    Cela dépend en grande partie du but consigné dans les statuts, des règles de location, de la situation en matière de rémunération ainsi que de la répartition statutaire des compétences. La location est souvent du ressort du comité. Si, selon les statuts, les logements ne peuvent être loués qu'à des membres, il faudrait obtenir l'accord des membres de la coopérative pour les louer à des non-membres pendant une période prolongée, voire décider d'une modification des statuts lors d'une assemblée générale. Il est recommandé de clarifier ces questions à temps et, le cas échéant, de mettre le sujet à l'ordre du jour de l'assemblée générale. Le texte d'une éventuelle modification des statuts doit être communiqué en temps voulu aux membres. Si besoin est, notre service juridique se tient à votre disposition.

  • Les maîtres d'ouvrage d'utilité publique sont-ils indemnisés pour les logements qu'ils mettent à disposition et par qui?

    Le cas général est que le maître d'ouvrage d'utilité publique conclue un contrat de bail avec le canton. Pour l'hébergement, le SEM verse au canton compétent un forfait de 216,30 CHF par personne et par mois. Les autres modalités contractuelles sont actuellement en cours d'élaboration avec les services compétents. Il convient également de clarifier comment sera financée une éventuelle différence entre l'indemnité forfaitaire et le loyer effectif, ce qui est particulièrement critique en cas d'application du loyer basé sur les coûts. Cela est éventuellement possible par le biais d'un fonds de solidarité propre à la coopérative. Toutefois, conformément au règlement, ce fonds n'est souvent ouvert qu'aux membres de la coopérative.

    Il est important que le loyer habituel soit mentionné dans le contrat avec les autorités ou les fugitifs et qu'ensuite, le cas échéant, une réduction soit accordée sur le loyer à payer temporairement (mot-clé: loyer initial) - des clarifications sont encore en cours à ce sujet. Lors de la conclusion de contrats de bail avec les autorités ou les réfugiés, il convient aussi de tenir compte des dispositions statutaires et des principes de location.

  • Les maîtres d'ouvrage d'utilité publique doivent-ils conclure un contrat de bail avec les réfugiés?

    En règle générale, les contrats de location sont conclus avec l'autorité compétente (canton ou commune) et celle-ci règle son rapport juridique avec la personne réfugiée. Dans cette constellation, il n'y a pas de rapport de location direct ou d'autre rapport juridique entre le maître d'ouvrage d'utilité publique et la personne réfugiée.

    En cas de location directe, il convient de noter qu'en raison de la loi fédérale sur l'acquisition d'immeubles par des personnes à l'étranger (LFAIE, «Lex Koller»), les réfugiés d’Ukraine ne peuvent généralement pas être admis comme membres de la coopérative. Il est essentiel de conclure des accords écrits sur l'offre de logement, la durée, la prise en charge des coûts et la responsabilité. Il est d’autre part important que le loyer habituel soit mentionné dans le contrat et que, le cas échéant, une réduction soit accordée sur le loyer à payer temporairement (mot-clé: loyer initial).

  • Qui est responsable des dommages causés à la chose louée?

    La partie locataire est responsable, dans le cadre des dispositions légales habituelles, d'une usure extraordinaire de la chose louée. Dans la mesure où le canton intervient en tant que partie locataire, il est en principe responsable des éventuels dommages d'une usure extraordinaire, dans le respect des tabelles de durée moyenne d'usage, établies paritairement. Il est recommandé que l'autorité compétente accorde une garantie pour les pertes de loyers et les dommages causés au logement. Au début de l'hébergement, les deux parties devraient documenter l'état du logement par écrit et avec des photos.

  • Qu'en est-il du contrat en cas de retour de la personne à protéger dans son pays d'origine?

    En principe, il n'y a pas de résiliation «automatique» du contrat. Ce n'est que dans le cas d'un contrat de durée déterminée que celui-ci prend fin sans l'intervention des parties. En revanche, dans le cas d'un contrat de durée indéterminée, les délais de résiliation légaux et contractuels doivent être respectés. Une résiliation «immédiate» par consentement mutuel est également envisageable.

Mise à disposition de logements d'hôtes
Acceuil privé
  • Que se passe-t-il si des membres de la coopérative souhaitent accueillir des réfugiés à titre privé dans leurs logements?

    Les coopératives devraient en tout cas informer leurs membres qu'ils doivent pour ce faire demander l'accord de la coopérative. Conformément aux obligations de notification en vigueur dans les coopératives, les membres doivent informer la coopérative de tout changement dans l'utilisation du logement. Pour une sous-location, il faut, de par la loi, l'accord préalable du bailleur.

    Nous recommandons aux coopératives d'examiner soigneusement de telles demandes au cas par cas. Dans un souci d'égalité de traitement entre les membres de la coopérative, il convient de tenir compte des règles d'occupation et autres prescriptions en matière de location. En cas d'hébergement privé, il y a lieu par ailleurs de veiller à ce que la situation du logement privé, son environnement direct et la situation de vie personnelle le permettent. Les personnes concernées doivent être en mesure de s'occuper de personnes éventuellement éprouvées par la situation engendrée par la fuite.

    Nous recommandons par ailleurs de fixer l'hébergement par écrit et d'y préciser sa durée, qui prend en charge quels frais, qui est responsable en cas de dommages et comment l'encadrement et la communication avec les réfugiés sont assurés. Il ne faut pas oublier non plus qu'en tant que locataire, le membre de la coopérative est responsable vis-à-vis du maître d'ouvrage d'utilité publique de l'utilisation soigneuse de la chose louée et du respect du règlement intérieur.

    La coopérative peut refuser l'autorisation de sous-location ou d'hébergement privé si les règles de location ne sont pas respectées ou si des inconvénients majeurs pourraient en résulter. Les inconvénients peuvent par exemple consister en des préoccupations liées à la constellation des locataires ou de la communauté dans l'immeuble (nombre de personnes vivant déjà dans le logement, conditions difficiles) ou en des facteurs personnels individuels.

    Afin de profiter de la grande solidarité et de la volonté d'aider des membres de la coopérative, il peut être utile d'attirer l'attention des membres sur d'autres possibilités d'aide, par exemple l'aide à l'ameublement de logements vides ou l'assistance bénévole aux personnes en fuite.